Bien que disposant d’une grande liberté d’expression garantie par notre loi fondamentale, nous en usons avec parcimonie pour ne pas être réduit à dire tout sur tout ce qui nous entoure. Nous savons qu’il est fondamental de s’exprimer. Mais nous savons aussi qu’il est important de garder certaines choses pour soi, en vue de préserver la dignité de l’autre. Pour cela, nous nous sommes inconsciemment imposés une autocensure.
Que ce soit avec les membres de nos familles, nos amis, nos collègues, nos voisins, et plus largement toutes les personnes que nous croisons, sans même que cela soit conscient, nous nous censurons à chaque instant. Nous faisons attention à ce que nous disons, nous évitons certains mots pouvant agresser et blesser inutilement.
Cela, nous le faisons pour une unique raison : pouvoir maintenir une bonne relation, même avec ceux avec qui nous ne sommes pas d’accord ou même avec les personnes avec lesquelles nous avions une relation conflictuelle.
Si, à chaque instant, nous disions tout ce que nous pensons, sous couvert d’une totale liberté d’expression, avec tous les mots qui nous viennent à l’esprit même les plus crus, les plus blessants, les plus péjoratifs, les plus agressifs, cela deviendrait vite insupportable. Aucun d’entre nous n’accepterait de poursuivre le dialogue avec quiconque.
C’est pourquoi, pour pouvoir continuer à être ensemble, à nous côtoyer, à avancer collectivement malgré tous les conflits traversés, nous évitons les mots trop insupportables pour les autres, et donc nous modérons spontanément notre expression. Choisir la cohabitation pacifique, c’est chercher en permanence comment aborder et gérer les désaccords, les tensions, les oppositions, les déchirements, les conflits, tout en assurant le maintien de la relation avec l’autre, au-delà de nos divergences de pensées. C’est privilégier la relation future sur l’opposition présente.
Pensons à la Côte d’Ivoire, pensons à nos concitoyens qui ont tant souffert de nos divisions et querelles inutiles aux conséquences désastreuses en termes de pertes en vies humaines et de destructions de biens. Pensons à notre jeunesse en quête de perspectives meilleures, Pensons aux vrais problèmes auxquels nous devons faire face pour relever les défis du développement, pensons à la cohésion sociale. Au nom de la PAIX, de la stabilité, du progrès et d’une Côte d’Ivoire meilleure pour tous, nous devons pacifier notre langage pour cohabiter pacifiquement et engager un combat, le seul qui vaille la peine d’être mené, celui de l’amélioration des conditions de vie des Ivoiriens et des populations vivants en Côte-d’Ivoire.
Hamed Koffi Zarour
Président d’AGIR Pour la Côte d’Ivoire
Assayie.net