PARTICIPATION DE LA FONDATION CŒUR VERT AU PROJET PANAFRICAIN POUR L’EDIFICATION DE LA GRANDE MURAILLE VERTE: BILAN ET PERSPECTIVES.
La Grande Muraille Verte, une solution africaine aux défis africains et mondiaux Les défis liés aux conséquences du réchauffement climatique nous rappellent que la durabilité est essentielle au développement mondial et au bien-être humain, et que la conservation de la biodiversité est essentielle à la durabilité. La Grande Muraille Verte est une solution africaine pour faire face aux défis africains et mondiaux. C’est une initiative internationale et transnationale, une réponse à la désertification galopante, à la perte de la biodiversité et à la dégradation des terres. Elle a pour rôle de ralentir l’avancée du désert dans les profondeurs de l’Afrique. Le monde commettrait une grave erreur, une erreur fatale en laissant s’accentuer la dégradation du climat dans cette zone. Il est donc nécessaire de mettre cette initiative au centre des intérêts et préoccupations nationales et internationales, car la Grande Muraille Verte contient toutes les réponses que nous tentons d’apporter depuis des années. Plus qu’une simple protection, l’initiative de la Grande Muraille Verte suscite l’immense espoir d’une vie meilleure, grâce à toutes les transformations qu’elle pourra apporter aux populations. Cent millions d’hectares devraient être aménagés à l’horizon 2030, la vie de cent millions de personnes serait transformée à travers des activités agro écologiques, agropastorales et pastorales et autres projets connexes qui pourraient générer des aménagements et des emplois pour les jeunes en particulier. D’ici 2030, la population infantile africaine devrait augmenter de 170 millions, portant le nombre des moins de 18 ans du continent à 750 millions. L’Afrique est le continent le plus jeune. Ne serait-ce que pour cette raison, les jeunes devraient être au cœur de la lutte contre le changement climatique et la destruction de la biodiversité, étant donné qu’ils représentent les décideurs de demain. Face à la crise environnementale, la participation et l’implication de la jeunesse est une nécessité incontournable pour édifier la Grande Muraille Verte et atteindre les objectifs de 2030. La Grande Muraille verte représente avant tout un défi intergénérationnel, qui ne pourra pas être atteint sans la mobilisation et l’implication particulière de la jeunesse.

À ce jour sur le tracé de la Grande Muraille Verte, seuls 4 millions d’hectares sur les 100 millions prévus ont été reboisés, 16 ans après le lancement de cette initiative. Pour atteindre les objectifs de la Grande Muraille Verte, l’implication de la jeunesse devient une solution incontournable. Cette initiative porte en elle une dimension éducationnelle pour la jeunesse africaine et du monde. 1 Le monde est de plus en plus sensible aux conséquences du réchauffement climatique. Cependant, exprimer sa sensibilité écologique est une chose, avoir une conscience écologique en est une autre. D’une manière générale, les jeunes savent que contrairement à la conscience écologique, la sensibilité écologique n’est pas suivie d’actions. D’où la nécessité pour eux d’intégrer des formations en faveur d’initiatives liées au réchauffement climatique et en particulier à la Grande Muraille Verte au sein de programmes scolaires et universitaires. Aujourd’hui, dans les manuels scolaires japonais, les élèves étudient déjà l’initiative de la Grande Muraille Verte et son impact positif dans l’avenir pour le continent africain et le monde (diapo du manuel scolaire japonais). Qu’attendons-nous en Afrique pour introduire l’initiative de la Grande Muraille Verte dans les programmes scolaires et les cursus universitaires ? Il serait illusoire de croire que la Grande Muraille Verte pourra se construire sans la participation active de la jeunesse africaine et du monde. Aussi est-il urgent de restaurer la confiance des jeunes, de les responsabiliser et de mener des politiques d’inclusion ambitieuses à leur égard. L’inquiétude des jeunes quant aux enjeux de perte de la biodiversité, de la désertification, du réchauffement climatique et quant à l’avenir tant de l’humanité que de notre maison commune, la Terre, devrait se traduire par un vrai engagement volontaire. Cet engagement devrait prendre naissance au sein de programmes scolaires et universitaires, ou des projets éducatifs débouchant sur la valorisation et la promotion de l’éco volontariat et de l’écocitoyenneté, à travers la culture de l’esprit de service. Cultiver l’esprit de service pour faire face à la crise environnementale est un moteur qui favorise la mise en place d’initiatives, de projets et d’actions concrètes pour la réalisation de la Grande Muraille Verte. Depuis 2006, la Jeunesse de la Fondation Cœur Vert s’est engagée, bénévolement et en s’autofinançant, à œuvrer en faveur de la préservation et de la protection de la nature en Afrique, sur la base de l’éco volontariat, de l’écocitoyenneté fondée sur certaines valeurs. Ils ont compris que les êtres humains et notre Terre doivent être placés au cœur de ces valeurs. Au Sénégal, l’annonce de l’édification de la Grande Muraille Verte décidée en 2005 par les Chefs d’État des pays Saharo-Sahéliens a retenu leur attention. C’est ainsi qu’ils ont mis en place très rapidement un réseau de jeunes, en Afrique, en Europe, en Asie et ont lancé une fois par an, le projet d’un Camp International de reboisement sur le tracé de la Grande Muraille Verte au Sénégal, au Mali et au Burkina Faso. 2 Nous avons reboisé la première parcelle en 2006, en partenariat avec le Ministère de l’Environnement et l’appui des agents des Eaux et forêts du Sénégal. À cette occasion, nous étions 194 jeunes bénévoles représentant 15 nationalités et nous avons planté 31 540 arbres sur 250 hectares en six jours. Depuis, une avancée sans précédent a été effectuée par les jeunes qui ne se sont jamais découragés malgré les difficultés organisationnelles, logistiques et par-dessus toutes financières (Tableau des réalisations). À travers leur approche pragmatique, ils ont contribué à cette initiative en offrant aux populations des possibilités de développement dans différents domaines d’activité, à savoir : l’amélioration des conditions de vie des villageois en termes d’effet d’activation sociale, la scolarisation, la promotion de la femme, l’éradication de la malnutrition, l’accès aux soins de santé, etc. Autrement dit, en créant ainsi une nouvelle écocitoyenneté participative, ils ont donné de l’espoir aux populations. Le facteur déterminant de l’action des jeunes de la Fondation Cœur Vert réside essentiellement dans un modèle d’éducation fondé sur l’éco bénévolat, l’écocitoyenneté et un ensemble de valeurs universelles. Ces valeurs contribuent à un réexamen global de notre nature humaine, du sens de notre relation à la nature ainsi que la façon dont nous percevons notre rapport à l’autre. Autour de ce projet fédérateur, la réalisation des activités soutenues pendant seize (16) ans contribue également à l’émergence d’une « conscience biosphérique » chez les jeunes, qui se caractérise par un nouveau paradigme de citoyenneté transnationale fondée sur des valeurs et le respect de notre maison commune. Cette nouvelle forme de citoyenneté permet chaque année de rassembler 200 à 300 jeunes, venant d’Afrique, d’Europe, d’Asie, d’Amérique et des Caraïbes. L’initiative de la Grande Muraille Verte favorise ainsi le rapprochement des peuples autour d’une idée et d’un projet commun : « la sauvegarde de la nature, le bien-être et la résilience des populations face aux changements climatiques. » L’expérience des Camps Internationaux de reboisement pour l’édification de la Grande Muraille Verte est une démonstration du rôle moteur de la jeunesse dans la résolution de la crise environnementale. La participation citoyenne de la jeunesse, avec ce modèle d’éducation et l’action expérimentée dans ce projet, peuvent contribuer favorablement à la construction et au maintien d’une paix durable entre les peuples et à l’harmonie entre l’homme et la nature. 3 À travers l’initiative de la Grande Muraille Verte, les jeunes prennent de plus en plus conscience que chaque être vivant est inséré dans d’innombrables relations symbiotiques et synergiques au sein des écosystèmes de l’ensemble de la biosphère et que le bon fonctionnement du système global dépend de la durabilité des rapports entre chacun. La biosphère est un « village planétaire », sa santé et son bien-être déterminent le nôtre. L’existence de tout être vivant dépend de son environnement naturel (Better city, better life). Notre survie dépend de notre aptitude à sauvegarder, par nos efforts mutuels, le bien-être des écosystèmes dont nous faisons tous partie. Cette nouvelle vision du monde nous conduira très certainement à un basculement historique de la géopolitique traditionnelle vers la nouvelle « politique de la biosphère ».
M.ODY-MARC DUCLOS,VICE-PRESIDENT DE LA FONDATION COEUR VERT
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