Les chefs de l’armée ont reconnu, mardi devant le Sénat, des erreurs de jugement ayant conduit à un “échec stratégique” en Afghanistan. Ils disent notamment avoir sous-estimé la démoralisation de l’armée afghane. Selon le chef d’état-major, le général Mark Milley (photo), “l’ennemi est au pouvoir à Kaboul. Il n’y a pas d’autre façon de décrire les choses”.
Les plus hauts gradés de l’armée américaine ont aussi admis publiquement, pour la première fois, qu’ils avaient conseillé à Joe Biden de maintenir 2.500 soldats en Afghanistan pour éviter un effondrement du régime de Kaboul. Mais le président américain a choisi de ne pas le suivre.
Le général Milley a aussi révélé avoir demandé à Joe Biden et à son prédécesseur Donald Trump de ne pas fixer de date précise pour le retrait des forces américaines d’Afghanistan, mais de le lier à des conditions que les Talibans devaient respecter, notamment la rupture de leurs liens avec Al-Qaïda.Au lieu de cela, l’administration de Donald Trump a signé le 29 février 2020 à Doha un accord avec les Talibans, qui prévoyait le retrait de tous les soldats étrangers avant le 1er mai 2021, en échange de garanties sécuritaires et de l’ouverture de négociations directes entre les insurgés et les autorités de Kaboul. Joe Biden a choisi de respecter cet accord, mais repoussé la date limite au 31 août.
Quant au ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, il a confié aux sénateurs: “Le fait que l’armée afghane, que nous avons formée avec nos partenaires, se soit effondrée, souvent sans tirer une balle, nous a tous surpris.Nous n’avons pas réalisé le niveau de corruption et l’incompétence de leurs officiers de haut rang, nous n’avons pas mesuré les dommages causés par les changements fréquents et inexpliqués décidés par le président Ashraf Ghani au sein du commandement, nous n’avons pas prévu l’effet boule de neige des accords passés par les Talibans avec quatre commandants locaux après l’accord de Doha, ni le fait que l’accord de Doha avait démoralisé l’armée afghane”.
Le général Mark Milley a prévenu qu’une reconstitution en Afghanistan d’Al-Qaïda ou du groupe État islamique était “une possibilité très réelle”.Il a rappelé que les Talibans “étaient et restent une organisation terroriste et n’ont toujours pas rompu avec Al-Qaïda”.
Le chef d’état-major a cependant assuré respecter les choix de Joe Biden. “Les présidents sont élus pour certaines raisons. Ils prennent des décisions stratégiques”, dit-il.Il ajoute: “Notre crédibilité auprès de nos alliés et partenaires dans le monde est réexaminée avec beaucoup d’attention”.
Des propos contredis par Lloyd Austin qui estime que “notre crédibilité reste solide”.
Avec AFP
Assayie.net